Mesdames zé messieurs, siouplè, lisez attentivement la fin de mon dernier message: "Chacun peut transformer les mythes comme il veut, mais ce qui a fait d'eux des mythes, ce qui a fait leur force, risque d'être perdu." Le mythe des vampires est vieux de plusieurs siècles et a profondément marqué les esprits. Pourquoi? Parce qu'il touche à des peurs très profondes: celles des morts revenants parmi les vivants. Car un vampire, à l'origine, c'est cela. C'est un mort qui n'est pas vraiment mort et qui importune de manière terrifiante les vivants. Derrière la peur des vampires, se cache la peur des ténèbres et de la mort.
Chez Meyer, ils sont tout sauf morts. Jon, tu as reconnu l'importance des dénominations correctes. Bravo! Parce qu'en nommant mal les choses, on risque de mal se comprendre. Au début de ce sujet, Ange déclare qu'elle n'aime pas les histoires de vampires. Libre à elle de ne pas les aimer, mais de quels vampires parle-t-elle? Des morts qui sortent de leurs cercueils? Ou des créatures de Buffy?
Au fait, croyez-vous que le "mythe" créé par Stephenie Meyer aura la même force, la même longévité, que le mythe initial? Croyez-vous qu'il frappera tant les esprits? A mon humble avis, non. Si je ne me trompe pas, l'innovation de Meyer a fait perdre sa force au mythe.
Sangoire, moi qui suis un amateur de musique classique, je peux te citer un exemple où des innovations continuelles ont abouti à une catastrophe absolue. Au début du XXe siècle, des musiciens très respectables comme Schönberg ou Bartok ont voulu s'affranchir des règles. Le résultat de leurs efforts est une musique complètement inaudible (à de rares exceptions près), que l'on appelle la musique contemporaine. C'est une défiguration totale de la musique classique, laquelle s'en est trouvée morte et enterrée. Alors, innover, c'est bien, mais pas n'importe comment!
Oui, Jon, les "dragons" chinois ne sont pas les dragons européens. Les Chinois croyaient en des créatures qu'ils appellent long, et que l'on traduit, faute de mieux, par "dragon". Il y a quelques points communs entre ces deux types de créatures, mais il y a surtout beaucoup de dissemblances. Les long sont des créatures fastes, dont l'apparition (très rare!), annonce le règne d'un souverain vertueux et dont la mort annonce la fin d'un règne. Rien ne tel avec les dragons européens, qui sont tels que je l'ai décrit plus haut. Pour les anciens Européens, ce n'étaient pas des créatures imaginaires. Ils avaient autant de réalité que des chats et des chiens... ou des vampires. Un paysan raconte qu'un dragon a dévoré son bétail. Un autre raconte qu'il a tenté de chasser un dragon en lançant des pierres sur lui. Eh oui! Nos aïeux peuplaient le monde de créatures que nous qualifions d'imaginaires, mais qui étaient bien réelles pour eux.
Et maintenant, les auteurs de fantasy les font revivre.